Andrea Crews et Lome Lu s’associent autour d’une collaboration mixant pièces iconiques Andrea Crews et artworks originaux réalisés sur des chutes de denim.
L’occasion pour nous d’interviewer Melody alias Lome Lu afin d’en découvrir plus sur son univers.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je fait du dessin/peinture/tattouage et des éditions de photos/dessins que j’imprime et relie moi-même.
Quels sont les trois mots qui décrivent le mieux ton univers ?
Féminin, Étrange, sexué
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Les œuvres de science-fiction, j’ai lu une bonne partie des livres d’Ursula K Leguin, que l’on classe dans la catégorie Fantasy/SF, mais que l’on pourrait qualifier, en vrai, de fictions sociales. Dans ses récits, j’ai l’im- pression qu’il y a un important travail de déconstruction : elles réinvente des sociétés, des rapports sociaux, et elle le fait de façon plutôt libre, comme si elle arrivait à créer ses mondes sans s’appuyer sur les structures et les constructions sociales du notre.
Je pense qu’elle ne va pas sans citer Octavia E. Butler, son livre Parable of the sower à été écris dans les années 90, le lire aujourd’hui à quelque chose d’effrayant, dans le sens ou, la fiction à déjà bien rejoins la réalité…
C’est toujours énervant de voir le peu de visibilité qu’on laisse aux auteures femmes, même aujourd’hui en 2021 (les femmes racisées, encore pires) dans le milieu de la SF, et dans le milieu de l’art plus globalement.
Shintaro Kago, un dessinateur japonais de l’Ero guro, entre erotisme et gore.
Les peintres américaines, Joan Mitchell pour le travail d’expression de la couleur.
Je récupère et accumule beaucoup d’objets, que j’incarne et auxquelles j’attribue des personnalités et dont je n’arrive plus à me débarrasser évidemment.
C’est maladif, je pense.
Quel est ton meilleur souvenir d’artiste ?
Quand j‘ai travaillé avec Kembra Pfahler à New York en 2018/2019.
C’est une artiste présente à New York depuis les années 70/80, c’était impressionnant de voir toute l’ énergie qu’elle mettait dans son art.
Côtoyer de telles personnes aide à comprendre (ou accepter) que la fin en soi n’a peut-être pas de réelle valeur à côté des moyens mis en œuvres, même si cela semble être la pensée contraire de notre société ac- tuelle, chacun a sa propre vérité après tout.
Quelle est ta vision du tatouage en tant qu’illustratrice/dessinatrice ?
J’ai commencé à tatouer en 2011, j’ai appris seule, sans avoir de modèle et de façon plutôt anarchique. À cette période, j’ai croisé des hommes tatoueurs plutôt agressifs dans leur propos, car je ne passais pas par les circuits habituels d’apprentissage blablabla. Je suis contente qu’aujourd’hui les choses soient plus libres et qu’il y ait pleins de gens qui se mettent a tatouer avec d’autres formes/esthetiques, sans rester bloqués dans les codes et conventions d’une forme de tattoo dit «traditionel»
Du moment que tu respectes des règles de base d’hygiène, tu devrais pouvoir être libre de tatouer comme tu veux, si la personne est consentante et aime ton travail.
Faire des lignes parfaites ne m’intéresse même plus forcément.
Le tatouage est il pour toi une discipline complètement différente ou est ce un moyen d’aller plus loin dans ton art ?
C’est complémentaire à ma pratique du dessin et de la peinture.
Le travail de la couleur en peinture aide pour la couleur d’un tatouage, un dessin de tatouage peut se re- trouver dans une peinture, tout est un peu lié.
Le tatouage m’a aussi motivée à dessiner plus, pour augmenter mon vocabulaire de formes notamment. Mais j’ai fini par comprendre que j’étais comme ce personnage de jeu vidéo qui ne peut mettre qu’un nombre limité d’objets dans son stuff, il doit s’en débarrasser au fur et à mesure pour pouvoir ranger les nouveaux.
Comment définirais-tu ton rapport à la mode ? Comment sélectionnes tu ce que tu portes ?
Je ne fais pas très attention à ce qui se fait en matière de mode, ça viens surtout des gens qui m’entoure et qui m’en parlent.
Pour le choix des vêtements, j’essaye de capter le genre de formes qui vont avec ma morphologie, après je superpose à des longueurs différentes.
J’avais le livre FRUITS quand j’étais enfant, ça me rendait dingue, c’était galère pour trouver les mêmes pièces à l’époque, et ils avaient vraiment des looks incroyables. Forcément, tu retrouves cette influence manga/jeux-vidéo dans ma façon de m’habiller.
Sinon j’ai énormément de vêtements, mais pour la plupart je ne les mets jamais, je me retrouve toujours à porter les mêmes genres d’habits, assemblées différemment. J’ai un lien affectif avec mes habits, c’est comme avec les objets.
Quelle est ta pièce préférée du moment ?
Récemment, j’ai trouvé un petit sac avec une tête de chien qui sors, il est très chic, c’est un sac d’enfant, je crois…Je commence à avoir une superbe collection de sac à dos peluches aussi.
J’ai beaucoup de tee-shirts, difficile de dire celui que je préfère, en ce moment c’est un tee bleu avec des manches longues et le logo Rammstein, j’ en ai aussi un noir à rayures rose qui descend jusqu’au genoux avec la tête de Mister Jack et qui ressemble plus à une robe d’ailleurs…
En quelques mots, comment définirais tu Andrea Crews ?
Audacieuse, qui arrive à rester dans l’air du temps.
C’est grâce à Melchior Tersen que j’ai pu faire ma première collaboration avec la marque, on avais fait des jeans customs. Le défilé à eu lieu au Palais de Tokyo, c’étais bien de voir nos vêtements à un événement de la fashion week, les tenues préparées par Andrea Crews avec Popline Fichot étaient vraiment cools.
Je me souviens aussi de la collaboration avec Paul Saeio avec ses graffitis/peintures sur store imprimés sur vetements. Le croisement des deux marchait super bien…
Quels sont tes projets pour 2021 ?
J’ai plusieurs idées de projet à imprimer/éditer. En fait il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire, pour l’instant, c’est dans ma tête, il faut voir comment les choses se passent, car pour le moment, c’est difficile de vraiment se projeter.
Andrea Crews x Lome Lu disponible le 15 Janvier Instore & online